Cédric Argaud (Publication - Août 2022)

En regardant les statistiques et les plus fidèles pilotes engagés à notre rallye du Haut Lignon, il est sans conteste le plus local d’entre eux : Cédric Argaud. Le garagiste du Chambon-sur-Lignon a été au départ de l’épreuve à 19 reprises (16 en tant que pilot et 3 fois en copilote) et 13 fois à l’arrivée, avec plusieurs victoires de classe. Garçon discret et généreux, toujours prêt à rendre service et à dépanner, courant avec un budget limité, Cédric Argaud illustre parfaitement l’état d’esprit qui anime de nombreux pilotes amateurs.

A 46 ans, Cédric fait partie de ces pilotes qui ont grandi dans l’univers du rallye. Il faut dire que son père, Yvon, le premier président du Team Auto Sport, lui avait déjà inoculé le virus de la compétition. « Mon père a couru au milieu des années 1980 avec une Peugeot 104 et jusqu’en 1988. Il avait arrêté les rallyes mais il avait gardé l’auto… » se souvient Cédric. Une fois le permis en poche en 1994, il n’arrive pas à se résoudre à laisser la petite Peugeot en sommeil dans la cour du garage. « Je m’étais dit que j’allais la remonter et rouler avec ! » Mais il faudra du temps pour remettre en service la 104 ZS 2 engagée en groupe F. Cédric Argaud débute au rallye Haute Vallée de la Loire en 1998 avec Sébastien Verilhac dans le baquet de droite. Il courra une vingtaine de rallyes derrière le volant de cette auto atypique. « C’était une voiture qui tenait vraiment bien la route ! Les trains étaient top. Mais mécaniquement, c’était un coup la boîte, un coup le moteur… Un jour, j’avais réussi à trouver une boîte courte. Par rapport à la boîte d’origine, le changement était énorme ! » A cette époque au haut Lignon, sur la spéciale du Mas, Cédric n’état pas si loin des chronos d’un certain Frédéric Blondiaux, la référence à l’époque dans la petite classe du groupe F avec sa 104 rose et au style généreux. Mais il devenait compliqué de trouver des pièces pour la 104 au fil des années. L’auto avait un petit moteur, 1124 cm3. « Je pense que l’on devait arriver autour des 90 cv à tout casser ! Mon père avait gratté un peu la culasse… Cette auto, c’était l’idéal pour débuter en rallye dans les petites classes. On fessait toujours de superbes rencontres ! » se souvient encore Cédric avec enthousiasme. « Tout était fait maison sur cette auto. Le père Argaud en a passé des heures dessus » se remémore le pilote du Chambon. « Même les ailes bombées de la 104 avaient été faites à la main ! Je revois encore mon père en train d’attaquer les ailes à la meuleuse ! »

Une année, la 104 avait fait une légère sortie de route au Haut Lignon, à Pleyne, pour finir au fossé. « Mon copilote, Sébastien, me disait de me dépêcher, que l’on risquait de se faire rattraper... Mais ça ne craignait rien, nous partions les derniers dans cette toute petite classe du groupe F ! »

Après quatre saisons de bons et loyaux services, Cédric Argaud vend la Peugeot 104. Elle fera le bonheur de l’Yssingelais Bernard Bonnefoy pendant de longues années.

En 2002, fidèle à la marque au lion, Cédric jette son dévolu sur une Peugeot 106, une auto de la coupe terre et préparée en groupe A. « Je l’ai rachetée dans le Nord de la France et alors qu’elle était encore en partie en configuration terre. » Il faudra donc poursuivre les modifications pour la passer en version « asphalte ». Cette auto permettra très vite à Cédric de s’illustrer derrière le volant. « Même si en 2003, à cause d’un rail de sécurité qui traversait la route au rallye des Monts Dôme, on a dû se résoudre à changer la caisse… »

Mais le changement de génération entre la 104 et la 106, la différence de châssis tout comme les chevaux supplémentaires, permettent à Cédric de glaner ses premières victoires de classe. Et parmi elles, il y en a une qui lui tient particulièrement à cœur. « Gagner la classe au Haut-Lignon, à la maison, a été un grand moment ! C’était en 2007 et cela restera comme l’un des meilleurs souvenirs ! » confie Cédric. Dans son garage, il conserve avec soin tous les trophées glanés à cette époque et étiquette chaque coupe pour se souvenir de l’épreuve sur laquelle il l’avait remportée. Sa toute première victoire de classe, avec la 104, au rallye Velay-Auvergne 1999, figure également au registre des « très bons souvenirs » pour le pilote Chambonnais. Même si en cours de route, il a aussi connu quelques frayeurs derrière le volant. « En 2004, on ne savait pas exactement ce qu’il s’était passé, mais le goudron était très glissant au départ de la spéciale du Mas-de-Tence. Il y avait eu moins 25 sorties cette année là sur les premiers kilomètres. » Parti avec quatre pneus Pirelli avec lesquels il n’avait encore jamais roulé, Cédric se fait surprendre dans le dernier droite qui plonge 300 mètres avant l’épingle de la spéciale du Mas-de-Tence. « Je n’ai rien pu faire, l’auto est partie et on a fini contre un arbre après avoir arraché 4 ou 5 piquets de clôtures… »

Et puis, comme pour beaucoup, la vie a rattrapé notre pilote. La vie de famille, avec une première fille, puis une deuxième, une maison, pousseront Cédric à raccrocher temporairement le casque. Une parenthèse, entamée en 2012 pour 7 ans, et malgré quelques rallyes en copilote « pour dépanner ». Cédric apportera aussi son aide à de nombreux équipages locaux à l’assistance où ses connaissances en mécanique ont été souvent précieuses ! Pourtant, le virus du rallye était toujours bien là. Alors, en 2019, il se décide à remettre, une nouvelle fois, la 106 groupe A en route, en tenant compte de multiples contraintes règlementaires qui évoluent d’année en année dans le petit monde du rallye. Et bien sûr, c’est au Haut Lignon qu’il s’engage.

Pour cette saison 2022, et après quelques soucis mécaniques au rallye Haute Vallée de la Loire en juin dernier, Cédric sera au départ de ce 32^ème rallye du Haut Lignon. Ce sera sa 17^ème participation en 32 éditions !

© L. Ciochetto