Jacques Tasso (Publication - Août 2024)
Hommage à Jacques Tasso, ancien vainqueur du Haut-Lignon...
Jacques Tasso s’est éteint le 1er mars 2024 des suites d’une longue maladie à l’âge de 79 ans. Le Team Auto Sport rend hommage au pilote Ligérien qui a remporté le rallye du Haut-Lignon à deux reprises et détient toujours le record du plus grand nombre de victoires en spéciales avec 30 scratchs réalisés entre 1991 et 1997.
Ce talentueux pilote a marqué notre sport durant les années 80, 90…
Jacques débute en rallye au volant d’une Ford Capri 2300 en 1971. Après avoir piloté une Simca Rallye II et une Opel Kadett GTE au milieu des années 70 c’est au cours de la saison 78, armé d’une Alpine Renault A110 (1800), que Jacques s’immisce dans la hiérarchie avec notamment deux prometteuses 4ème place au rallye des Noix et du Livradois-Forez.
1979. Jacques choisi l’Opel Kadett GTE pour défendre ses chances. C’est avec cette monture qu’il remporte sa première victoire scratch lors du rallye du Forez 1980. Hormis lors de l’année 1984 où il pilotera une Mitsubishi Lancer 2000 Turbo (Groupe B), Jacques conservera la Kadett jusqu’à la mi-saison 85, date à laquelle il opte pour la Manta (Groupe A) du constructeur Allemand.
La carrière de Jacques est indiscutablement associée à celle de Michèle Ranchoux son épouse et copilote. 1988 marque un tournant majeur dans l’histoire du couple Stéphanois. Sous les couleurs de Ford et de sa voiture phare du moment, la Sierra RS Cosworth (Groupe N), ils décrochent leur premier titre de Vise Champion de France des rallyes 2ème division avec notamment deux victoires scratchs aux rallyes de Lozère et au Charlemagne. En 1989, ils se retrouvent à nouveau confronté au tenant du titre, Christian Rigollet et malgré quatre victoires scratchs les Ligériens s’inclinent pour la deuxième année consécutive dans la quête du titre de 2ème division.
Pour Jacques et Michèle, la consécration arrive en 1990. Ils décrochent alors leur premier titre de Champion de France des rallyes 2ème division avant de récidiver en 1993 mais cette fois ci au volant de l’Escort RS Cosworth. Notons entre temps leur participation au rallye de Monté-Carlo 1991 qu’ils terminent à la 14ème place du général et à la 3ème du groupe N.
Homme discret, Jacques partageait également sa passion de la compétition avec sa fille, Corinne. Assise épisodiquement dans le baquet de droite dès 1979, Corinne glanera plusieurs lauriers à côté de son père et notamment en 1996 au rallye du Forez où, sans le savoir alors, Jacques signa sa dernière victoire scratch 16 ans après son tout premier succès…
Entre 2001 et 2004, Jacques termina sa carrière sportive par quelques apparitions en Championnat de France des Rallyes Terres au volant d’une Ford Sierra Cosworth (Groupe N).
Jacques Tasso et le Haut-Lignon, avec huit participations, il était un fidèle de l’épreuve Altiligérienne...
Pour sa première participation en 1991, avec la Sierra Cosworth, il part favori mais c’était sans compter sur Brenier (Sierra Cosworth), Dongues (309 GTI) et Peyrache (Ascona 400) qui allaient lui mener la vie dure. A l’issu du premier tour, si Dongues semble éliminé de la course à la victoire après un tête à queue appuyé contre un arbre « Aux Gardes » c’est bien Tasso qui rentre en leader au regroupement du Chambon-sur-Lignon. Il compte 3s. d’avance sur Brenier et 30s. sur Peyrache. Lors du deuxième tour Brenier se retire, échappement cassé en sortie de turbo et début d’incendie en prime. A la mi-course Tasso devance Peyrache de 11s. et Dongues, revenu en flèche, de 36s. Coup de théâtre dans l’ES 7. La Sierra du Stéphanois perce une roue et c’est 1min. 30s. de perdue dans la mésaventure, reléguant ainsi son pilote au cinquième rang. Devant les jeux sont fait. Peyrache roule vers un deuxième succès consécutif au Haut-Lignon et Dongues assure sa deuxième position. Auteur de 4 temps scratch sur les cinq dernières spéciales Tasso grapille et un ultime coup du sort qui frappera la Posrche de Rolland dans le dernier secteur chronométré (boite bloquée) lui permettront de grimper sur la troisième marche du podium final. Lors de la remise des prix Jacque exprimera que du fait de l’état des routes, le Haut-Lignon « est le seul rallye où l’on peut tordre l’auto sans sortir de la route » mais cela ne l’empêchera pas de revenir 7 fois…
1992, avant même le départ du rallye la Peugeot 205 GTI (Groupe F) de Dongues fait polémique, mais qu’importe, le chrono sera seul juge… Dans la première spéciale disputée entre le Crouzet et le camping de Tence le pilote de la marque Sochalienne assomme la concurrence. Tasso (Sierra Cosworth) est à 9s. Grandjean (BMW M3) est à 11s. Piqué au vif, Tasso réplique en s’adjugeant les spéciales 2 et 3. A l’entame du deuxième tour Tasso est en tête, 3s. devant Dongues et 6s. devant Grandjean. Mais le pilote de la 205 va faire des merveilles en signant sept temps scratchs consécutifs entre les ES 4 à 11 (ES6 annulée). Constamment menaçant et auteur du dernier meilleur temps lors de l’ultime chrono, Tasso s’incline face à Dongues pour 31s. Grandjean troisième à 55s. avait échappait la tête de course à la suite d’un mauvais choix de pneus dans l’ES 5…
S’il fallait donner un titre à l’édition 93 du Haut-Lignon se serait : « Sans partage !!! ». Récent vainqueur du Championnat de France des Rallyes 2ème division et seul équipage à aligner une quatre roues motrices, le tandem Tasso – Ranchoux allaient survoler ce 4ème Haut-Lignon. Auteur de 11 meilleurs temps sur 12 possible, leurs adversaires du jours n’ont pu que s’incliner. Dans la lutte pour les places d’honneur et sur un terrain humide, les Porsche de Rolland et Lagorsse, respectivement à 4min.2s. et 5min. 7s. du vainqueur subissaient la loi de la Clio Williams (Groupe A) de Morel, deuxième à 2min. 27s. de Tasso et de la 205 (Groupe A) de Turnel à 2min. 46s. Les écarts témoignent de cette incontestable victoire du pilote de l’Escort…
1994 le Haut-Lignon fait peau neuve et voit l’avènement de la spéciale « Les Moulins » (19 km) entre le Chambon-sur-Lignon et Saint-Jeures. Tasso (Escort Cosworth) en profite pour faire son retour à la compétition après trois mois d’arrêt à la suite d’un accident lors des reconnaissances de la Ronde Cévenole. Surprise, c’est Aubert (Manta 400) qui signe le 1er scratch sur cette ES devant Rolland (Porsche) et Tasso, ex-aequo à 5s. Il se met à pleuvoir au départ de la spéciale du Mas de Tence. Le pilote de l’Escort tire toute la quintessence de ses 4 roues motrices. Il reprend ainsi 10s. à Aubert, 14s. à Peyrache (BMW M3) et 37s. à Rolland. Tasso signe également le meilleur dans la troisième spéciale et porte son avance sur Aubert à 18s. Malheureusement ces efforts sont engloutis dans le quatrième chrono lorsque le turbo de l’Escort part en morceau. Bilan 29s. de perdues. Jacques ne baisse pas les bras pour autant. Il est à 10s. d’Aubert et devance Rolland du même écart. Lors du troisième passage dans la spéciale des « Moulins » les problèmes mécaniques de la Ford vont continuer. Entre souci d’alimentation et turbo, le pilote Stéphanois sera contraint à l’abandon dans l’ultime spéciale. Cette année-là, Rolland s’impose devant Aubert et Ragey.
En 1995, Tasso conserve l’Escort Cosworth mais passe d’une Groupe N à une Groupe A avec prêt de 400ch sous le capot et une boîte sept… Le premier tour lui sert à découvrir le comportement de sa nouvelle monture. Artru (BMW M3), leader à l’issu de la première spéciale avait malheureusement mis trop de temps à réparer une bougie cassée, en liaison, et se verra mettre hors course. C’est Peyrache (BMW M3) qui rentre en leader au regroupement avec 5s. d’avance sur Tasso et 15s. sur Rolland (Porsche 911). Lors du deuxième tour, c’est Moulin (Sierra) qui ouvre les hostilités. 3s. devant Peyrache et 8s. devant Tasso. Ce dernier signe enfin son premier scratch, du rallye, sur l’ES du Mas de Tence et réduit légèrement l’écart avec le pilote de la M3. (7s. au général). L’ES 5 est annulé et les pilotes se dirigent au départ de la 6, sous la pluie. Les quatre roues motrices de l’Escort donnent l’avantage à Tasso, mais de peu. 2s. de mieux que Peyrache. Bilan, Jacques revient à 5s. de la tête de course avant l’ultime chrono. La lutte a malheureusement tournée court. La M3 casse une rotule et sort, laissant ainsi l’Escort de Tasso l’emporter. Derrière Veyrard (Sierra) était remonté comme une balle et vient déloger Rolland de la deuxième marche du podium final.
L’édition 97 du Haut-Lignon aura vite fait de ruiner les espoirs de Tasso. Dès le premier secteur chronométré, un problème de waste-gate, sur l’Escort, lui coûte 34s. Peyrache, leader à la fin du premier tour, verra lentement s’éloigner la victoire à cause d’un alternateur récalcitrant sur sa BMW M3. Tout cela profite à l’autre M3 d’Artru qui décrochera là sa première victoire au Haut-Lignon. Entre temps Tasso avait résolu les problèmes de sa monture et, après avoir aligné quatre temps scratch, parvient à monter sur la deuxième marche du podium final, devant Peyrache…
1998. L’ogre Toulousain Rouillard (BMW M3) revient pour glaner un deuxième succès en terre Haut-Lignonaise. Tasso ne l’entend pas de cette oreille et part le couteau entre les dents. Malheureusement, il échappe le contrôle de son Escort dans la descente de Solignac, sort de la route, coupe deux poteaux téléphonique mais parvient tout de même à repartir. Hélas, les dégâts occasionnés sont trop importants et contraindront le Stéphanois à abandonner à l’issu de la deuxième spéciale… Cette année-là, Rouillard s’impose avec plus de 2min. d’avance sur la Porsche de Rolland et 3min. sur la M3 de Reynaud.
Pour sa dernière participation au Haut-Lignon, en 2000, Jacques Tasso ne parvenait pas s’immiscer dans la lutte pour la victoire. C’était un Michel Rolland (Porsche 911) en très grande forme qui s’imposait devant la BMW M3 de Dominique Reynaud. Le pilote de l’Escort complétait le podium à 54s. du vainqueur…
A ce jour Jacques Tasso détient toujours deux records au rallye du Haut-Lignon. Le premier, il le partage avec Bernard Dongues (Peugeot 205 GTI). En 1991 pour Jacques et en 1992 pour Bernard ils réalisent un temps de 5min. 12s. dans la spéciale du Mas de Tence longue de 10,30km. Cela représente une vitesse moyenne de 118,85 km. Il est probable qu’à l’époque la précision du chronomètre, ou du bien du kilométrage de la spéciale, ne soit celle d’aujourd’hui mais les chiffres sont là et à ce jour aucun pilote n’a établi une vitesse moyenne aussi élevée…
Deuxième record à l’actif seul du pilote Ligérien. Le nombre de victoire en spéciale. Jacques a réalisé 30 scratchs. Aujourd’hui il devance encore Patrick Artru (29 scratchs) et Jean-Marie Cuoq (25 scratchs). Si ce dernier revient au Haut-Lignon pour une éventuelle cinquième victoire consécutive parviendra-t-il à égaler ou battre ce record vieux de 27 ans ? (Jacques a réalisé son dernier meilleur temps en 1997)